Nostalgie souterraine
Ne vous faites pas avoir par cette propagande
fallacieuse que la RATP tente de déployer pour vous convertir aux transports souterrains ferrés (wagons neufs, poèmes placardés au mur, jingles d'annonce aguicheurs...). Tout ça, c'est du lobbying pour vous faire oublier une
réalité centenaire : le métro craint. Cette sous-ville de carrelage aux allures de fin du monde brasse chaque jour, en toute indifférence, son lot de destins frustrés. Tous debout dans la lumière crue s'évitent du regard cadres déclassés, demi-bourgeois harassés, clodos fraîchement émoulus ; sans parler des travestis, des touristes asiatiques, des Mormons, des juifs orthodoxes, des Belges, des soldats du rang, des diplomates, des aveugles, des supporters du PSG et autres citoyens enthousiastes du melting-train. Et évidemment, les différentes catégories de musiciens ratés, auxquels je réserve un post ultérieur.
Quand je prends le métro aux heures de pointe, je prends conscience soudainement qu'un âge d'or vient de se terminer.
Je ne sais pas
ce qui a foiré. Hier encore, j'étais heureux de vivre. Je regardais
Marty Mc Fly faire des prouesses sur son Hoverboard dans Hill Valley et Bill Murray foudroyer les fantômes avec Ray Parker Jr. La De Lorean de ma jeunesse s'est envolée à jamais !
La musique de John Williams faisait vibrer
la planète Tatooine, elle rythmait les coups de fouet d'Indiana
Jones. Le sabre laser de Luke Skywalker voulait griller un Dark Vador plus proche du Samouraï que du dictateur stellaire. L'URSS et le PCF existaient encore, c'était rigolo : ça
faisait des méchants pour les James Bond, et ça polarisait les
dîners.

Mon inconscient
VHS/Nintendo était peuplé d'idées saines, comme plaquer contre un mur la princesse Jasmine, ou égorger à mains nues un tyrannosaure du Jurassic Park.
Je voyais l'avenir comme un sentier ascendant, où les
ordinateurs seraient de plus en plus petits, et les avions, de plus
en plus gros. Le progrès à la Bill Gates, dans un grand Theme Park
aseptisé, qu'on arpenterait avec ses Pump de Reebok et un Discman "singing Hallelujah". J'étais le gamin émerveillé de "Last Action hero" avec un Schwarzie très second degré au volant de sa décapotable, alignant les bad guys sur fond d'AC/DC.

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