dimanche 10 mars 2013

C’est à Stuttgart que ça se passe.



Stuttgart est une ville très fréquentable. C’est en tout cas ce qui vient à l’esprit de Votre Serviteur, qui a testé en aveugle cette destination exotique que vous n’auriez pas positionnée dans le premier choix de vos escapades de cadre lassé devant son écran. Comme Sarkozy, vous vous vantez de ne pas passer vos vacances en Allemagne : sanction immédiate, vous sortez !



C’est à Stuttgart que ça se passe. Il est vrai que ce n’est pas une évidence. Ici, vous ne croiserez pas de hipsters à chaque coin de rue. Capitale économique du Sud Ouest de l’Allemagne, c’est le bastion de Bosch, de Mercedes et de Porsche. Les deux constructeurs entretiennent d’ailleurs le mythe avec deux musées spectaculaires, Mercedes dans un Guggenheim de la bagnole en spirale, Porsche avec un gros trapèze vitré rempli de belles cylindrées profilées comme des obus.

Vous comprenez maintenant pourquoi les policiers allemands sont respectés : pour le dealer du secteur, se faire courser par une 911, même si elle est verte et conduite par deux moustachus, ca fait plus peur qu’un Subaru poussif de la Gendarmerie Nationaleuu. Les Allemands sont comme ça : sobres et efficaces. Ils ne se vantent pas beaucoup, mais ils sortent autre chose que des Twingos en bout de chaîne.




L'hôtel de ville avant...
Une ville industrielle, donc, et assez froide. Le centre ville ravagé en 44, possède un charme proche du néant, à l’image de l’hôtel de ville, d’un monolithisme sidérant. Exceptions au tableau : le château, très bien reconstruit, et la gare, d’un style impérial brutaliste assez amusant. Inaugurée avec fierté pendant la première guerre mondiale, elle est aujourd’hui au cœur d’un scandale financier car la traversée souterraine de la ville par les trains, nommée Stuttgart 21, dérive de plusieurs milliards d’euros par rapport au coût initial. Dans un pays qui ne connaît pas le chômage, c’est une des rares mauvaises nouvelles du JT, avec la météo.

Après... (fallait pas voter Adolphe)
La gare, un monument de finesse














Le charme se dégage assez vite… ce sont des détails… un groupe d’allumés chante Hare-Krishna tous les samedis après midi, en procession dans le centre ville. La ville est construite au cœur d’un cirque de collines assez splendide. Mon ami Greg, sans lequel cet article ne serait qu’une monade vide au pays des idées inusitées, habite sur ces hauteurs avec les rupins du DAX (le CAC 40 allemand). C’est là que Porsche reçoit dans sa villa les hôtes de marque qui vrombiront bientôt de bonheur sur l’Autobahn.


Même Ben Ali voit la vie en rose
Le soleil baisse. Après un passage au centre culturel IFA, où se déroule une expo rafraîchissante sur l’art contemporain du printemps rebelle tunisien (eine rosige Zukunft – un avenir en rose), c’est l’heure de déguster une de ces pâtisseries au beurre dans le métro désert. Il fait nuit, on entame les hostilités. Un mojito à la Schankstelle, une ancienne station service reconvertie en bar à cocktails, où vous entrez en passant la tête sous les rouleaux de lavage, avant de siroter dans le patio en cubes géants de plastique illuminés de couleurs primaires

Time for a refill














Pas de temps à perdre, c’est le moment d’enchaîner vers le climax de la soirée, the place to be in Stuttgart : le Fou Fou. Non, vous n’avez pas rêvé, nous sommes bien dans le quartier des putes. Mais comme souvent outre Rhin, c’est pour mieux brouiller les pistes : une fois passée la porte, dans une vague de musique électro, c’est toute la jeunesse dorée qui se presse dans ce temple hype au design épuré, littéralement blindé.







Les filles du feu locales accompagnent les rares hipsters des environs, et des banquiers trinquent en doudoune Canada Goose avec des bières à 3 euros. Oui, ici vous êtes en Allemagne, dans la région la plus riche, et pourtant votre soirée ne vous coûtera rien.


Comme le dirait Richard Bohringer, c'est beau, une ville, la nuit



Ça ne vous donne pas envie de sacrifier
une vierge rousse sur un menhir
un soir de pleine lune?
La gueule de bois, vous l’avez méritée. Pourtant, il faudra bien se lever pour aller visiter cette expo extra sur les Celtes, au musée du Land, dans l’Ancien château. Après avoir regardé un peu trop vers les Vikings, les Allemands aiment aujourd’hui revendiquer leur passé celte. J'ai déjà rendu  dans ce blog un hommage caractérisé au rap celtique de Manau, et notamment à leur reprise monumentale « du loup, du renard et de la belette ». Cette expo met en relief l’apport celte à la civilisation européenne continentale, très significatif, notamment avec ses motifs enlacés très subtils dont l’esthétique se diffusera tout au long du Moyen Age  jusqu’à nos jours, des codex manuscrits au fuselage des 737 de Ryanair.








Une grosse part de tarte teutonique à la crème avec un thé au Grand Café Planie, dans une ambiance délicieusement désuète, et c’est l’heure de rejoindre Karlsruhe, ma ville d’adoption : sujet de mon prochain post.

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