...je sors mon clavier ! N’y
voyez pas une référence à ces expositions contestables des années 30,
quand les artistes d’avant-garde recevaient un
accueil assez tiède de la part des autorités compétentes. Bourgeois de province déclassé, patron potentiel des arts et des lettres, pacifique esthète de salon, je ne saurais finir cette phrase autrement.
Je vais donc
vous parler du ZKM. Non, ce n’est pas une maladie vénérienne ou
une section du plan comptable estonien, mais le centre sur la
technologie des médias et l’art de Karlsruhe (Zentrum für Kunst und Medientechnologie). Un OVNI culturel qui squatte une ancienne
usine de munitions, un gigantesque labyrinthe de coursives et de
balcons métalliques subventionné rempli d’expositions foisonnantes sur des
thèmes aussi fédérateurs que l’art vidéo asiatique ou les jeux
vidéo des seventies.
Un endroit improbable
avec son cube acoustique géant pour concerts dissonants, ses
auditoriums où des philosophes clodos et d’anciens beatniks
viennent évangéliser les spectateurs d’Arte, et sa cafète qui
sert des spätzle au fromage tout à fait passables.


Si vous voulez « chiller » ou faire une « date » ludique et digitale (dans le sens de « numérique »), allez plutôt voir l’exposition "ZKM Game Play", très réussie, comme un écho à l’expo "Game Story" de 2011 au Grand Palais. Elle propose tout d’abord une histoire pittoresque des jeux vidéo, des pixels bruts de Pong et Pac Man à Assassin’s Creed qui voltige sur les coupoles de Constantinople. Vous frémirez de nostalgie devant vos anciennes Game Boy et MegaDrive, lourdes comme des parpaings de plastique… vous pourrez même jouer à Tetris et Mario World, délicieuse régression ! Le jeu vidéo comme utopie, univers onirique, modélisation d’un monde fantasmé, corpus de règles ludiques à respecter, mais aussi comme média, et comme œuvre d’art pop, audacieuse ou provocatrice.
Certains jeux originaux sont dévoilés, comme la « PainStation » inflige ainsi au joueur malchanceux des coups de fouet, chocs électriques et brûlures ! Un autre jeu, moins drôle, vous met dans la peau d’un clandestin tentant de survivre à la traversée du Sahara. Nous retrouvons ici cette tendance des « Serious games », des jeux utilisés pour former, apprendre ou sensibiliser. Clin d'oeil, le jeu "Long March : restart" avec son graphisme 16 bits à la Street Fighter II, qui nous montre des commissaires de la révolution en train de lutter contre les capitalistes et les canettes de Coca-Cola. Les jeux vidéos en tant que pop culture ont eu une influence notable sur les artistes, comme le montre par exemple le pixel art ; ils sont une branche de l’art vidéo devenue autonome.
D’ailleurs,
une exposition d’art vidéo asiatique fait actuellement rage au
ZKM. Elle est attrayante à plus d’un titre, et pas uniquement pour
ses soldats coréens camouflés en bouquets de fleurs évoluant au
ralenti (des canons sous des fleurs, disait Schumann des polonaises
de Chopin, belle oxymore, clic clic #éruditiongratuite). Ne me demandez pas pourquoi, le ZKM héberge environ 10 expositions en même temps. C'est incompréhensible.



Allez, vous
m’avez déjà fait traverser trop longtemps votre cortex endolori.
Je vous rends vos méninges, et retourne à mon TGV Est qui avale la
Lorraine à 320 à l’heure. Bon vent !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire