
C’est pour ça que je veux t’écrire
ce post. J’ai vu deux films récemment : Elysium et Oblivion. Deux
excellentes dystopies cyberpunk. Une dystopie ? C’est le contraire d’une utopie, un univers situé dans un futur déchiré par la folie des hommes et/ou au choix : des catastrophes naturelles, le réchauffement climatique, des guerres civiles ou fratricides, le Jihad, le racisme, le gauchisme, les aliens, ou tout à la fois, généralement dans un monde-bidonville ultra-capitaliste écrasé par un monopole militaro-industriel invincible. Sympa. Chaque dystopie modélise un cauchemar différent : délabré et cynique comme le Détroit en faillite de Robocop, carcéral dans Fortress, eugéniste dans Bienvenue à Gattaca, télévisuel dans le Truman Show, glauque dans Soleil Vert où les pauvres mangent des restes lyophilisés de vieillards suicidés pour survivre, destroy et désertique comme Mad Max, solitaire et extinctionniste comme « I am Legend », au lendemain d’une pandémie, où Will Smith arpente en Dodge Viper un New York vide, peuplé de lions, de gazelles et de zombies nocturnes.
D’autres films surfent sur les peurs millénaristes, comme le blockbuster fast food « 2012 », et sa référence débile au calendrier Maya, ou le navrant Armageddon. Déjà une dystopie, dans les années 20, quand Fritz Lang sidérait le monde avec sa Métropolis visionnaire, ville inhumaine de lumpen-prolétaires dévorés par le Moloch des usines souterraines pendant que les nantis font des orgies à la Otto Dix au sommet de vertigineux buildings art-déco. Le genre a connu des fortunes diverses. Il faut oublier le Manhattan, prison géante, zoo darwinien d'« Escape from New York » avec son Kurt Russell en cow-boy cyclope et barbu. Je vous épargne les naufrages épouvantables de Waterworld et Postman du grandiloquent Costner. Mais récemment, j’ai été agréablement troublé par Time Out d’Andrew Niccol, planté dans un Los Angeles-favela hérissé de check-points pires qu’à Ramallah, que Justin Timberlake franchit à la poursuite du temps. De précieuses secondes, unités de vie dans un monde aseptisé où l’argent a disparu au profit d’une durée de vie inégale entre les riches et les pauvres…
excellentes dystopies cyberpunk. Une dystopie ? C’est le contraire d’une utopie, un univers situé dans un futur déchiré par la folie des hommes et/ou au choix : des catastrophes naturelles, le réchauffement climatique, des guerres civiles ou fratricides, le Jihad, le racisme, le gauchisme, les aliens, ou tout à la fois, généralement dans un monde-bidonville ultra-capitaliste écrasé par un monopole militaro-industriel invincible. Sympa. Chaque dystopie modélise un cauchemar différent : délabré et cynique comme le Détroit en faillite de Robocop, carcéral dans Fortress, eugéniste dans Bienvenue à Gattaca, télévisuel dans le Truman Show, glauque dans Soleil Vert où les pauvres mangent des restes lyophilisés de vieillards suicidés pour survivre, destroy et désertique comme Mad Max, solitaire et extinctionniste comme « I am Legend », au lendemain d’une pandémie, où Will Smith arpente en Dodge Viper un New York vide, peuplé de lions, de gazelles et de zombies nocturnes.
D’autres films surfent sur les peurs millénaristes, comme le blockbuster fast food « 2012 », et sa référence débile au calendrier Maya, ou le navrant Armageddon. Déjà une dystopie, dans les années 20, quand Fritz Lang sidérait le monde avec sa Métropolis visionnaire, ville inhumaine de lumpen-prolétaires dévorés par le Moloch des usines souterraines pendant que les nantis font des orgies à la Otto Dix au sommet de vertigineux buildings art-déco. Le genre a connu des fortunes diverses. Il faut oublier le Manhattan, prison géante, zoo darwinien d'« Escape from New York » avec son Kurt Russell en cow-boy cyclope et barbu. Je vous épargne les naufrages épouvantables de Waterworld et Postman du grandiloquent Costner. Mais récemment, j’ai été agréablement troublé par Time Out d’Andrew Niccol, planté dans un Los Angeles-favela hérissé de check-points pires qu’à Ramallah, que Justin Timberlake franchit à la poursuite du temps. De précieuses secondes, unités de vie dans un monde aseptisé où l’argent a disparu au profit d’une durée de vie inégale entre les riches et les pauvres…
Le cyberpunk naît quand la technologie
avancée et un esprit rebelle viennent se greffer à ces visions maudites de
l’avenir. Car le cyberpunk, c’est avant tout l’esthétique du hacker érigé en
rock star. L'audace d’un héros seul face au système, qu’il pirate
cyniquement à son profit depuis son laptop, pour le faire exploser de l’intérieur.
Punk, car dans cet univers post-moderne, post-apocalypse, le futur est déjà
passé, et l’avenir est sans espoir. Les villes sont un chaos underground et
nihiliste, à la culture globish illisible, des babels privatisées sous tension.
La seule action possible du héros cyberpunk, c’est
la lutte désespérée, suicidaire, solitaire contre la Matrice, le Système, ou le
Conglomérat. Le héros de Watch Dogs, futur bestseller d’Ubisoft, est un misfit
qui hacke la ville de Chicago depuis son smartphone. Dans
l’univers nocturne du cyberpunk, la technologie engendre un fantastique
pessimiste, où le rêve rejoint la réalité virtuelle, comme dans Matrix ; les
geeks prennent leur revanche, et bio-hackent leur propre corps, pour devenir des humains augmentés.
Le film cyberpunk par excellence
est Blade Runner, thriller noir d’une ville-monde post-tokyoïte où l’on parle le
cityspeak, un mélange de japonais, d’allemand et d’espagnol, un anti-espéranto
pour prolos. Le Los Angeles de 2019, aux bas-fonds peuplés de putes en plastique et de
cinglés, est noyée dans une nuit éternelle, sous une pluie diluvienne. Des bolides
volants serpentent entre les torchères de raffineries pétrolières et des buildings
gothamiens de proportions inhumaines où brillent de mille LED des pubs
Coca-Cola géantes, et des vidéos de Geishas. A cette époque les Etats-Unis
rêvaient encore du Japon.

Elysium n’a évidemment pas le
génie narratif de Blade Runner, issu d’une des meilleures nouvelles de Philip K
Dick, « Do androids dream of electric sheep ? » En vérité,
Elysium a été descendu par la critique, sauf par l’intelligent Wired. Mais j’ai
bien aimé ce film pour son atmosphère.

Gravement irradié dans son usine,
Matt Damon n’a plus que 5 jours à vivre, donc plus rien à perdre. Il
devient robin des bois involontaire : une bande de hackers lui greffe un exosquelette directement relié à sa moelle épinière, qui décuple sa force et lui permet de tirer avec des armes relativement méchantes. Parti sur la station spatiale pour se soigner, traqué par des mercenaires, il introduit dans le système un virus volé directement dans le cerveau du patron du directeur de l’usine (on retrouve le thème de l’info stockée dans le cerveau, du cultissime Johnny Mnemonic, un des premiers films sur la réalité virtuelle). Il reboote entièrement le système, ce qui équivaut à une révision constitutionnelle : tous les terriens redeviennent des citoyens à part entière. On devrait expliquer ça à François Hollande. Cette atmosphère est vraiment cyberpunk : bio-hacking, armes dévastratrices, futur crépusculaire, station spatiale de luxe. Bloemkamp signe ici sa deuxième œuvre de science-fiction après le très réussi District 9, où des aliens débarqués sur Terre se retrouvent parqués dans des camps de réfugiés près de Johannesbourg, sur fond de références à l’apartheid et de milices paramilitaires. Un must.
Elysium fait écho à System Shock,
un first person shooter des années 90 qui est une référence absolue du
Cyberpunk. Capturé par les membres d’une omni-multinationale après avoir piraté
leur système, un jeune hacker est transporté sur une station orbitale, où il
lui est greffé un implant neuronal permettant d’interagir avec le système.
Quand il se réveille, la station entière est un chaos aux murs couverts de
sang : un superordinateur à l’intelligence artificielle redoutable,
Shodan, règne sur les lieux et mijote de créer un virus mortel pour contaminer
la planète. Quelques zombies massacrés plus tard, il est possible
d’affronter Shodan dans un monde de 3D fil de fer à la Tron pour l’anéantir.
Avec Doom et Duke Nukem 3D, ce jeu a bercé mon enfance. Je suis un cyberpunk
sans le savoir.
Mais je dois reconnaître
qu’Oblivion m’a encore davantage transporté. Vous en saurez plus dans mon
prochain post.
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