Quelques rares expositions donnent l’agréable sentiment d’être à la pointe de la tendance avec une caution artistique, tout en
restant un terrain de jeu. La « French Touch » aux Arts Déco en fait
partie : une pointe de nostalgie des nineties, une petite madeleine de
Proust électronique, idéale pour un after-work en bonne compagnie, avant un
dîner au Saut du Loup.
La French Touch, c’est la génération X des DJ français. Le Mur
est tombé, le soleil se lève sur des années 90 finalement assez euphoriques, enivrées par l‘utopie du Cyberspace. Dans ce Paris en manque d’extase
musicale, c’est la montée en puissance de petits génies français sur la scène de
la house et de l’électro. Des pionniers comme Air, Daft Punk, Alex Gopher ou
Etienne de Crécy, enfants terribles de bonnes familles de l’Ouest, partis à la conquête
du monde avec leurs platines. L’expo nous raconte comment s’est créée une
alchimie unique entre ces DJ en rupture avec le star system et de jeunes
graphistes à la marge, pour donner
naissance à un foisonnement créatif, décalé, ironique. Les pochettes de disque, c'est de l'art pour se marrer. Et les flyers de soirée, il faut pouvoir les lire bourré. Ça tombe bien, avec l’arrivée du Mac et de la suite Adobe, chacun pouvait
devenir un Rembrandt du graphisme home-made, sans passer par les grands labels
ou les agences. Le résultat saute aux yeux.
La scénographie complètement barrée, entre le squat
haussmanien et le nightclub berlinois est
signée par le collectif 1024, des architectes VJ auteurs du Ghetto Blaster
géant des soirées Boom
Box et Square
Cube, et du Bal
Blanc de l’installation Monumenta 2012 de Buren au Grand Palais. Vous le saurez à l’avenir.
D'abord, les flyers pop de La Shampouineuse aux Folies
Pigalle, et les photos volées glauques d’Agnes Dahan pour les soirées Respect au
Queen. Des pochettes décalées qui remettent en scène des films de blaxploitation des
seventies ou des vieilles pubs pour les clopes, ringardissimes. On croise au
passage l’album Paradise de Bob Sinclar, beaucoup plus pointu que ses
productions actuelles. Nostalgie, quand tu nous tiens.
Parmi les petits chefs d’œuvre pop, on peut citer la pochette
de Super Discount d’Etienne de Crécy, signée H5, auteur également de clips d’Alex
Gopher ou Massive Attack, et de l’expo Hello™ que je vous invite à allervoir. Au passage, saluons le travail de « Restez vivants » pour Bang
Bang, de Sylvia Tournerie pour Bosco, d’Hot Spot pour la « Cloud making
machine » de Laurent Garnier. On ne peut pas rater la magnifique
créature Art nouveau/Hawaïen/Girly qui accompagne la BO planante et élégante de Virgin
Suicides par Air.
Personnellement j’adore les vinyls de Cassius par Alex Courtes. Le clip de « Cassius 99 », réalisé avec Martin Fougerol, est tout simplement stupéfiant, halluciné, d’une richesse visuelle jubilatoire. Cette course de motocross au milieu de flèches fluo pop donne le frisson. Et c’est LE son de 1999.
On n’est pas étonnés qu’ils aient
signé également le clip d’If You Ever Feel Better de Phoenix, une soirée
underground dans les ruines antiques, et le cultissime radio number one d’Air,
Un clip post-apocalyptique qui se termine par une bataille de bouffe entre
deux yuppies aux gestes de robots.
Ce passage par les clips est toujours formateur. Alex Courtès fait aujourd'hui des films d'horreur. Avant de devenir un réalisateur bankable à Hollywood,
Michel Gondry a fait ses premières armes dans le clip de « Music Sounds Better withyou » de Stardust, profondément kitsch, désuet, texan. Le
groupe était un « one-shot » avec notamment Thomas
Bangalter des Daft Punk.
Quelques pochettes et flyers :
Bang Bang ! bon dieu, j'ai jamais récupéré ce CD prêté... Et la veine britpop à la française genre Notre Dame (ancien groupe d'Arnaud Fleurent-Didier) ? c'est hors sujet ?
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