Je reconnais
qu'alors que le commun des mortels patauge dans un mélange de neige
et de boue, par -5c et que la Seine déborde, engloutissant les
derniers espoirs de circuler correctement dans Paris, il y a une
forme d'obscénité à se trouver sur une plage d'Eilat, sous un
soleil de plomb en plein mois de février, 30c, à siroter des bières
en lisant le Nouveau Testament.
Car nous
sommes bien en terre biblique : de ces montagnes arides et
colorées pourrait sortir un Moïse hirsute, qui ouvrirait les flots
pour sa tribu. Au lieu de ça, je regarde la valse des tankers et
porte-containers dans le golfe d'Aqaba. Ici, 4 pays se font face :
Israël, Jordanie, Egypte et Arabie Saoudite. L'endroit est
stratégique : la guerre des Six Jours a été décidée face au
blocage par l'Egypte de l'accès Israelien à la mer Rouge. Le passé
à laissé des traces : le Sinai est redevenu egyptien depuis
Camp David, mais une immense clôture barbelée fend le désert comme
une balafre de métal. En paix, mais séparés.
Evidemment
il est facile de se laisser aller aux délices du « resort »
dans lequel je séjourne : piscine, spa et bonne bouffe, soleil
à volonté au bord de la piscine. Je choisis d'aller à Petra sur la
journée. Après des formalités harassantes à la frontière et 2
heures de bus dans des montagnes pelées, nous arrivons sur le site.
Un long canyon, immortalisé par Indiana Jones à cheval, mène au
superbe « Trésor », en fait une immense tombe de style
classique, taillée dans cette roche ocre. Ici les pierres prennent
toutes les couleurs du nuancier : jaune pâle, vert presque
turquoise, rouge vif... Dieu s'est fait peintre avant d'être
géologue. D'autres monuments, tombes et habitations jalonnent le
site, qui est fréquenté par des hordes de bédouins prêts à tout
vous vendre, de la carte postale à la fausse antiquité. Leurs yeux
soulignés de khol noir leur donne un look de Johnny Deep dans
« Pirates des Caraïbes », version arabe.
De retour en
Israel, je visite le désert du Neguev et ses roches multicolores,
ses mines de cuivre antiques, les premières au monde, et je ne
comprends pas comment des dizaines d'hôtels et de restaurants
peuvent prospérer dans un endroit qui reçoit entre 5 et 10 mm de
pluie par an. La réponse se trouve à la sortie de la ville :
une centrale de dessalement d'eau de mer et d'immenses tas de sel
répondent à ma question. C'est ici qu'a été construite la
première centrale de ce type, et les israéliens sont des
spécialistes mondiaux en la matière : transformer l'énergie
en eau potable.
C'est la fin
du séjour, la barmaid me sert un campari en me faisant un clin
d'oeil et un sourire, je dois m'envoler demain vers Tanger pour
rejoindre mes amis. Shalom à tous, et de grâce venez visiter un
jour Israël ! De Tel Aviv la festive à Jerusalem la
spirituelle, de la Mer Morte figée dans son écrin de sel aux
collines verdoyantes de la Galilée, ce pays est fascinant. N'écoutez
pas ce que vous racontent les médias ou vos parents et sautez dans
un avion ! J'aurai l'occasion d'écrire davantage à ce sujet
plus tard.