Je viens de lire sur Wikipedia
que Leonard de
Vinci était un grand procrastinateur : par ailleurs Sébastien Tellier
déclare dans une récente interview
aux Inrocks « Je n’ai pas de respect pour les branleurs, j’aime les
gens qui vont au bout. Il n’y a rien de plus frustrant que de parler avec
quelqu’un qui ne transforme rien », lui qui a pourtant été un immense
glandeur. Et 5 ans passés sur son canapé ont fait de lui un gourou hype qui
parle sous la dictée d’un petit dieu bleu, en mode symphonique.
Je vois dans ces derniers
exemples une justification de mon inaction chronique qui fait de ce blog un
terrain vague, et un champ d’excuses sans fin pour ne pas écrire ; mais aussi
une incitation à couper le baobab qui me pousse dans la main pour vous le
servir sous forme de contreplaqué. Je vous avais préparé une analyse postmoderniste des
Simpsons, qui commençait par Puff Daddy au
Meurice, et du Wagner
dans le TGV Est. Mais je n’ai pas osé l’éditer : trop d’adjectifs, par
assez de chair et d’os…
En fait je pense que bloguer
revient à faire du mauvais Desproges. A crier sa haine feutrée quotidienne
contre des trucs qui ne font souffrir personne sauf les gens brillants et sensibles. Voici un exemple.
La plus belle vue, c'est quand on est dedans, parce qu'on les voit pas |
Les belles usines ont été dynamitées,
comme à l’Ile Seguin de Billancourt. Aujourd’hui, c’est le « Parc André Citroën ».
Un parc ? Elle est bonne ! Laissez-moi rire.
On est très loin du Lac des cygnes |
Ce parc est à la nature ce que Fukushima est au nucléaire |
Bon, si vous avez le vice de lire
encore ce texte, je vous dois au moins deux trois tuyaux avant que vous ne
reveniez à la médiocrité du reste du Net.
Morituri te salutant |
Le Rhône est une vraie poubelle
en ce moment : on y trouve de tout. Amphores, lampes à huile, statues de Neptune, même un
buste de César en marbre de Phrygie, aux trais sévères et dignes. C’est l’enseignement
de cette
brève mais intense exposition au Louvre, best-of des trouvailes sous-marines du musée d’Arles.
Comme ça vous n’aurez pas à prendre un IdTGV à 258€ pour un Sud illusoire
qui de toute façon vote le Pen quelle que soit la beauté d’une ou deux
garrigues désertées. Mais si vous aviez été snob et bien avisé, vous seriez allés
voir Cantona en
« ubu punk » à l’Athénee-Louis Jouvet. Mais vous avez préféré un
Fuxia rue des Martyrs ? J’en suis fort aise. Et vous avez eu desplaces pour Pina Bausch? Vous avez vu Cate Blanchett au théâtre de laVille? Je n'ai pas réussi. En tout cas je ne peux que vous blâmer d’avoir loupé « Oncle
Vania » au Théatre des Amandiers défendue par un jeu subtil, entre
rires et larmes, exaltation et désespoir, qu’on ne trouve certainement que chez
Tchekhov. Ce théâtre de gauche de Nanterre est assez bon dans son genre, avec un bar
à vin pas cher, une librairie de circonstance et un public « berlinois ».
Ca donnerait presque envie de devenir un bobo.
A l'époque il avait l'alcool joyeux |
Je ne sais plus qui disait « les
bobos sont les beaufs de l’an 2000». C’était je crois le patron du Mathis
Bar, cet endroit où le mojito était déjà à 18 euros en 2003, où tu pouvais croiser
John Galliano roulant par terre devant une photo d’Edouard Baer sur le zinc ; le maître
des lieux disais-je, le regretté Gérald Nanty, Bel de Nuit
pour les intimes. Je dois reconnaître qu’il avait tort ; au moins les bobos ont le
mérite d’être (un peu) bohème. Si Paris permet à un bourgeois de province en
Paraboot comme moi de tenir ce genre de propos, c’est que la vie culturelle parisienne
est une grande entreprise de gauchisation des esprits! Allez, retournez à vos
chroniques de Libé et vos lofts du canal St
Martin ; moi je reste dans mon 15ème dortoir, et je vous
salue bien bas.